L'Attente et la Créativité de l'Actrice
Le métier de comédien.ne nous impose une réalité difficile, celle de l’attente presque permanente. Attendre une proposition de rôle, une figuration, un petit rôle, un coup de fil, un mail… Souvent interminable, elle finit par devenir une seconde peau pour beaucoup d’entre nous.
Mon expérience (bientôt 20 ans dans ce métier) révèle finalement, la difficulté d'obtenir de vraies propositions, qui pousse à se questionner sur le type, le physique et le jeu de l'actrice ou de l’acteur. Et l’exercice devient d’autant plus difficile, si un metteur en scène ou un réalisateur ne se sent pas spontanément inspiré par son profil. Cette réalité est encore plus frustrante que l'investissement en temps et en énergie est énorme. C’est compliqué de passer sa carrière à se former continuellement, à “réussir ces castings), ”gestion du stress” (bon je suis même devenue enseignante dans le genre) et puis les contacts sont rares avec les directeurs de casting.
Mon obstacle reste de ne pas représenter la « française lambda” . (Ni la noire lambda d’ailleurs, je suis les deux : métisse) Métisse antillaise.
Et face à ces difficultés, même la recherche d'offres d'emploi dits "lambda" s'avère vaine, car mon profil frôle le statut senior, malgré un parcours reconnu.
Plutôt que de céder à la déprime ou à la passivité devant mon portable, j’ai pris la décision de créer mes propres projets. C’est comme cela que je contourne (enfin j’essaie) la dure réalité du paysage cinématographique et théâtral français : en faisant moi-même.
Ce qui a donné naissance à plusieurs œuvres, notamment mes one woman show (au tout début de ma carrière) puis "Enfin libre, Désirada" d'après Maryse Condé et, prochainement, "Maudite métisse" (de Bertrand Dicale).
Bien que cette voie se soit imposée avec énormément de temps, de patience et de travail, elle vaut la chandelle. Biensur, pour l’expérience et la passion. Ouf, Je ne mourrai pas vide. Ni nue. Quoique ;-)
Il est je crois, impératif de refuser la colère de l’injustice ou le découragement. Mon amour des métiers pratiqués est trop fort pour cela. Lorsque toute les autres options s'épuisent, l'humilité devient la plus grande force de créativité en tous genres.
Il est aussi nécessaire de sortir du sectarisme et de ce qui est décrit comme le "ghetto" dans le "milieu" artistique afin de pouvoir avancer. (J’en vois certain.es qui grincent des dents)
Pour envisager un changement, il faut l’incarner soi-même. J’avoue que être également, profondément, motivée par mes ancêtres Nèg Mawon qui se sont battus pour leur liberté, pour notre droit d'être, de vivre et d'être reconnus dans nos valeurs.
L’invitation est lancée à celles et ceux qui ne souhaitent pas rester isolé.es à attendre une opportunité miracle. Le métier d'artiste est notre vie. Mon appel à faire plus amples connaissances est ouvert aux productions, agents, réalisateurs et artistes désireux de se rencontrer et d'accompagner ceux qui veulent faire vivre leur profession.
À bon entendeur :-)
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